La cité Bel Air se raconte

 

BOULAZAC-PÉRIGUEUX Le quartier a été créé par les troupes américaines, il y a presque un siècle. Les habitants entament un travail de collecte pour retracer son histoire

Une danseuse « comme Joséphine Baker»,un dénommé Pique-Fraises avec sa caravane du côté de Bamabé, le père Foussard à la guinguette, « impressionnant, mais bienveillant », ou encore le fabriquant de fauteuils de cinéma. Voici quelques-unes des figures de la cité Bel Air auxquelles les Amis de Bamabé veulent redonner vie. Quelques dizaines d’habitants de ce quartier à cheval entre Périgueux et Boulazac, connu pour sa guinguette de Bamabé (récemment rachetée par la Ville de Boulazac), veulent écrire son histoire.

«Au niveau des archives, on a peu de choses », remarque Jean-Émile Lachaud, un natif du quartier qui y vit encore.À défaut d’écrits, lui et les autres membres de l’association traquent les souvenirs au détour des mes du quartier, étroites et tracées au cordeau.

Baraquements identiques

La physionomie actuelle de la cité Bel Air rappelle ses tout-débuts. Tout a commencé en 1917, lorsque les États-Unis, entrés en guerre aux côtés de la France, y installent leurs camps. Ce n’est pas un hasard si les rues s’appellent encore aujourd’hui :Floride, Kennedy, Texas, ou encore Franklin-Roosevelt « C’était un hôpital pour les convalescents. Les Américains ont rasé la forêt qui allait à l’époque du château Ailhaud- Castelet à Boulazac jusqu’à la rue Pïerre-Magne à Périgueux et ont construit des baraquements, tous alignés e sur le même modèle »,raconte Jean-Émile Lachaud. Une grande partie des maisons actuelles, toutes en longueur, ont conservé les plans d’origine. Une chapelle, dont l’architecture rappelle plutôt un hangar, demeure parmi les cu¬riosités du quartier.
Après la Première Guerre mondiale, les Périgourdins ont investi les baraquements et y ont écrit leur propre histoire. Celle de Jean-Émile Lachaud démarre à sa naissance en 1944. Il se souvient des années l950- 1960. Il y avait alors une épicerie, dont celle de sa mère, à chaque coin de rue. Le quartier, habité par de nombreux ouvriers,avait aussi une vie économique. Peu savent que le Jokari, ce jeu de balle relié à un bloc par un élastique qui a amusé des générations d’enfants, était fabriqué ici, « à la Cancha », un atelier de jouets en bois, raconte le Boulazacois. Il évoque aussi l’odeur javellisée qui flottait dans le quartier à l’époque où il avait une usine de chlore. Il se rappelle également d’une fabrique de fauteuils de cinéma.

Cinéma et guinguette

Mais c’est leur propre siège que les gens du quartier prenaient sous le bras pour aller voir les films de Fernandel sur le grand écran. Ils s’installaient au « Moulin Rouge », un dancing qui donnait sur le boulevard du Petit-Change.
Dès les beaux jours, tous pre-naient la direction de la guinguette de Bamabé. « C’était le lieu où allaient les gens riches de Périgueux, bien habillés », se souvient Jean- Émile Lachaud. « Mais le père Foussard acceptait que l’on reste autour d’une table, ou que l’on fasse quelques parties de baby-foot, même si nous n’avions pas d’argent », raconte-t-il en souriant C’est là aussi que les gamins du quartier ont appris à nager. « Il y avai tun plongeoir de 5 mètres ». Adolescent, il se rappelle du « spectacle » lorsque le Périgourdin Alain Distinguin, « champion de France de brasse papillon en 1952 », se présentait en haut du plongeoir.

C’est toute cette vie de quartier que les Amis de Bamabé cherchent à retrouver.Un film rassemblant des témoignages d’habitants est en projet Les membres de l’association rêvent également de recréer l’ambiance de l’époque en organisant, à la guinguette de Barnabé, des animations telles que des bals à la mode des Années folles.

Contact. Pour apporter un témoignage ou joindre les Amis de Bamabé, rendez-vous sur le site Internet http://amis-bamabe.com.

logo_so  Marie Gasc – 24/02/14

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