100 ans de mutations

Dans le cadre des célébrations des cent ans du quartier de la Cité Bel Air, qui se dérouleront du 20 au 25 juin Pascal Serre sortira « La Cité Bel Air, 1917-2017 cent ans d’histoires », déjà disponible en pré-vente.
Un livre édité à l’initiative de l’association des Amis de Barnabé avec le soutien de la ville de Boulazac-Isle-Manoire. Il est d’ailleurs préfacé par le maire Jacques Auzou. Durant deux ans Pascal Serre a travaillé auprès de la mairie de Boulazac, « dans ma feuille de route, Jacques Auzou m’avait demandé de réfléchir à des propositions pour commémorer les cent ans du quartier et il m’a dit on va faire le centenaire sur l’évolution du quartier jusqu’en 2017. J’ai donc poursuivi le travail même après la fin de mon contrat par amitié pour l’association et par fidélité pour Jacques Auzou qui a été le seul à me tendre la main lorsque j’ai traversé de grandes difficultés personnelles et professionnelles. On a donc eu l’idée de faire un livre en deux parties. La première, sur l’histoire du quartier en tant que tel et son évolution tout au long de ces cent ans et une seconde partie regroupant des témoignages d’habitants du quartier », explique Pascal Serre. Un travail important et nécessaire puisqu’on trouve très peu de supports papiers ou numériques sur le sujet même si des étudiants y avaient consacré un travail il y a quelques années. « Ça valait donc le coup de faire quelque chose car Boulazac-Isle-Manoire est une commune importante et ce quartier a toujours eu un côté un peu mystérieux avec ses petites maisons, ces noms de rues particuliers. Depuis que je suis enfant j’ai toujours entendu dire que c’était le quartier des Américains. On travaille donc dessus depuis deux ans avec les Amis de Barnabé et c’est un ouvrage qui fera entre 250 et 300 pages. Barnabé, c’est un quartier qui a deux pôles : la guinguette et l’hôpital Américain. Il n’y a qu’une cinquantaine de mètres qui les séparent mais ce n’est pas le même monde sociologiquement. L’histoire de la guinguette en elle-même est assez symbolique avec sa réouverture, et c’est un quartier qui a une mémoire et des traces qui existent même s’il faut qu’on nous les montre. Il faut s’avoir s’arrêter devant une maison et écouter les gens. L’histoire avec un grand H, c’est une somme de petites histoires individuelles donc il faut les écouter. Il était donc temps de fixer cette histoire ». Le livre comportera donc plus d’une trentaine de témoignages d’habitants du quartier qui font part de leur vécu, des évolutions, des modes, les années 60 et le Solex, le cinéma, l’arrivée de la télé. On retrouve les origines ouvrières de ce quartier qui est en lien avec l’exode rural. Des gens venus des campagnes pour construire le camp et qui par la suite, pour nombre d’entre eux rentrèrent aux ateliers du PO au Toulon. « Beaucoup travaillaient aussi dans de petites usines, il y avait beaucoup d’activités dans le quartier avec trois fabriques de Javel, 16 débits de boissons, une fabrique de jeux jokari. C’était donc un quartier très populaire, pas qualifié de rouge, mais qui l’était », précise Francis Desage, président de l’association des amis de Barnabé.
C’est donc toute cette évolution que l’auteur avec l’aide des Amis de Barnabé essaie de fixer dans ce livre. « Le point de départ c’est bien entendu l’hôpital Américain, mais c’est toute son évolution que l’on suit. Avec des périodes comme l’occupation, le quartier bouclé par la milice qui est entrée dans les maisons suite à la mort d’un collabo abattu à Razac-sur-L’Isle et l’arrestation d’une quarantaine d’habitants du quartier qui ont été conduits au 35è régiment de chasseurs pour être interrogés », explique Francis Desage. Pascal Serre évoque aussi la période de Mai 68 où les jeunes du quartiers se rendaient à Périgueux pour les manifs. « On parle aussi de Lucien Dutard qui est un véritable totem dans le quartier. Avec des anecdotes croustillantes le concernant, lorsqu’il faisait sécher ses chaussettes sur le radiateur de la classe ou encore le facteur qui faisait coïncider sa tournée avec l’heure de la récréation pour pouvoir faire passer à Lucien Dutard le courrier de la mairie. Il est cité dans de nombreux témoignages avec beaucoup de tendresse. On évoque la venue de Joséphine Baker qui avait de la famille dans le quartier et qui ne manquait pas d’apporter des cadeaux pour les voisins, celles de Roland Dumas qui venait parfois s’y « reposer» en 1981. On sent qu’il y a une véritable communauté de destins entre ces habitants aux caractères différents mais bien trempés ». Un livre qui est également agrémenté de nombreuses photos d’époque du fond Diaz, de familles du quartier, des propriétaires de la guinguette qui permettent de suivre toute l’évolution du quartier. « Nous faisons également des recherches auprès de nos contacts aux États-Unis afin d’en avoir d’autres ».
Le livre qui sera disponible à partir du 22 juin en prévente et sur souscription auprès des Amis de Barnabé, ce qui permet de financer l’édition du livre au prix de 23 euros.
Souscription et pré-achat auprès de l’association des Amis de Barnabé au 07 82 45 19 53.
Philippe Jolivet