La guinguette de Barnabé en pleine renaissance

 

Ce lieu emblématique rouvrira l’été prochain. Les travaux viennent de débuter

Philippe Pebayle est girondin mais cet architecte sait que les lieux sont chargés de souvenirs.
Son père, alors qu’il était élève à l’école normale en 1952, fréquentait assidûment la guinguette. Et son épouse, Sophie, architecte aussi, a longtemps vécu rue du Gué-Barnabé.
Enfin, Philippe Grandou, chargé avec eux de faire renaître le site boulazacois, le connaît depuis qu’il est gamin. De toute façon, quiconque pénètre sur les lieux, saisit immédiatement leur âme.
Aujourd’hui, même avec des arbres malades coupés, même avec les piliers et pergolas de béton quasiment mis à nu pour être restaurés, et le sol de la terrasse retourné pour faire passer les nouveaux réseaux,
Barnabé dégage cette atmosphère paisible typique des guinguettes de bords de Seine et de Marne.

Un restaurant et un snack-grill
Riche de son label Patrimoine du XXe siècle décerné par le ministère de la Culture, cet ensemble architectural érigé en 1936 (lire ci-dessous) ne risque rien de toute façon. Si ce n’est une belle cure de jouvence qui a débuté la semaine dernière. Le bâtiment principal va être conservé. Les huisseries en aluminium seront déposées au profit de fenêtres en bois qui reprendront la forme exacte et
les impostes d’origine. Au premier étage, « on purge juste une verrue rajoutée.
Mais l’aspect extérieur ne changera pas », précise Philippe Pebayle. Et cela restera privatif et à usage du personnel.
À l’arrière, mais cette fois au rez-de chaussée, la partie privative est celle qui va connaître le plus de transformations. C’est là que sera réalisée la cuisine, Barnabé ayant vocation à être aussi un restaurant. La véranda va être démolie au profit d’une extension pour des locaux techniques et les réserves.
À l’intérieur, le bar imposant sera conservé. Ainsi que la petite cabine téléphonique digne des années 1950. La rotonde gardera elle aussi ses spécificités et notamment ses colonnes indiquant qu’initialement la salle était octogonale. Au sol, un plancher sera posé, rappelant l’époque des bals.

Livraison fin mai 2017
Les autres annexes vont connaître des sorts divers. L’atelier, près de la rivière, va se transformer en bloc sanitaires, plus moderne que les anciens WC qui seront condamnés sur le côté.
À côté, l’autre petit bâtiment accueillera la partie grill et snack pour de la restauration rapide le midi.
Dans le prolongement, les cabines de bains seront démolies et reconstruites plus haut mais à l’identique,
pour un espace mange-debout, couvert mais ouvert sur la terrasse.
Celle-ci sera aménagée en plusieurs zones : des allées en béton, des espaces végétalisés et d’autres gravillonnés pour accueillir tables et chaises. Tout le site sera accessible aux personnes à mobilité réduite. Le chantier doit être terminé fin mai, déco intérieure comprise.
En revanche, le minigolf qui reproduit des monuments de Périgueux et de Dordogne, ainsi que le camping de 42 places attendront une deuxième phase de travaux. Quant au bac, l’idéal serait aussi qu’il revive mais faudrait-il qu’il débouche sur un espace qui mérite le déplacement, ce qui n’est pas forcément le cas aujourd’hui depuis la construction d’une maison individuelle.

1936-2013, la belle oeuvre des Foussard

Barnabé, c’est avant tout l’histoire de la famille Foussard. Léopold, un menuisier corrézien monté à Paris pour le travail, rêve de redescendre. Il jette son dévolu sur ces bords de l’Isle où existe déjà un petit restaurant. Conseillé par des architectes parisiens, il conçoit et construit le bâtiment en 1936. La salle de bal est octogonale avant d’être transformée en rotonde. Il y accole un bar en bois réalisé avec un prisonnier allemand. En 1951, est créé le camping qui sera, en 1954, le premier de Dordogne à être homologué.
Deux ans plus tôt, Léopold réalise un minigolf en reprenant des monuments périgordins. 1954, c’est aussi l’année de la rencontre de Jean, dit Jeannot, un des fils de Léopold, avec Odette. Le couple se marie en 1956. La jeunesse s’ébroue dans l’eau, fait du pédalo, avant de se ruer sur les premiers flippers, les tables de pingpong et les billards. Mais, en 1974, la baignade dans l’Isle devient interdite.
En 1995, Éric Foussard, fils d’Odette et de Jean, lance des concerts de jazz le dimanche après-midi. Mais, en 2002, Jeannot meurt après une
chute d’échelle, alors qu’il entretenait ses arbres. Plus rien ne sera comme avant, malgré les efforts d’Éric. Abîmé par la tempête de 1999, le bac survit jusqu’en 2005 avant de disparaître.
En 2013, Barnabé est vendu 800 000 euros à la Ville de Boulazac qui souhaite continuer à faire vivre ce pan de patrimoine. Elle en confie la mission à trois entrepreneurs périgourdins
: David Godard (DG Néon), Jean-Michel Lavaud (Egap Peinture) et Sébastien Vidal (BTP Vidal).

 

logo_soAnne-Marie Siméon

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